Méfiance : un site internet n’est jamais gratuit !
Vous n’offrez pas le dîner aux clients de votre restaurant ?
Vous ne construisez pas une maison gratuitement ?
Vous ne donnez pas vos marchandises aux clients qui passent la porte de votre boutique ?
Non ? Alors pourquoi une entreprise vous ferez votre site internet gratuitement ?!
Il est devenu incontournable aujourd’hui pour quiconque d’être présent sur internet : de l’artisan-peintre au dentiste en passant par le magasin de prêt à porter du centre ville. Il faut être visible sur Internet, quelque soit son activité…. mais pas à n’importe quel prix.
Nous avons malheureusement rencontré trop d’entreprises qui ont regretté amèrement la mise en ligne de leur site internet.
La raison en est simple : des prestataires aux pratiques tendancieuses qui, sous couvert de vous faire une offre de partenariat aux tarifs imbattables (parfois gratuitement), vous “loue” votre site internet pendant 4 ans à des tarifs réels exorbitants : 150€ par mois, soit 7200€.
Comment ça se passe
Déjà en 2009 un reportage avait été diffusé sur le sujet dans une émission de Julien Courbet sur France 2.
Petit rappel :
http://www.dailymotion.com/video/k4UFFKoLZlEqE5USRV#from=embed
La méthode utilisée est toujours la même, comme en témoigne de nombreux anciens salariés de ces sociétés qui n’ont pu continuer à travailler dans ces conditions.
Un commercial se présente comme étant le responsable marketing d’une société qui cherche à s’implanter dans votre région. Et cette société recherche des partenaires qui, s’ils correspondent aux critères de partenariats, pourront bénéficier de la création de leur site internet à des tarifs très concurrentiels, voir gratuit.
Les trois conditions requises :
- être discret
- d’autoriser l’entreprise à utiliser votre site internet comme supports de vente pour les futurs commerciaux
- votre engagement à donner 10 noms de professionnels susceptibles d’être intéressés
Le commercial / responsable marketing ne quittera pas votre bureau avant la signature du contrat de “partenariat”. L’argument fait souvent mouche : c’est une offre exceptionnelle qu’il ne peut pas se permettre de faire trainer, la décision doit donc être prise dans la journée.
Il s’agit en fait de ce qu’on appelle de la vente One Shot (un rendez-vous = un contrat), l’argumentaire est imparable et les possibilités d’en sortir indemne très faibles.
Le contrat que vous allez signer s’appuie sur une loi : la loi Scrivener qui stipule q’un professionnel est réputé connaitre les conditions du contrat qu’il signe et n’a donc pas droit au délai de rétractation dont jouissent les particuliers.
Et ce contrat est vraiment extrêmement bien verrouillé.
Il suffit de prendre le temps de le lire d’ailleurs (il tient souvent en une page recto-verso), pour comprendre ce qui vous attend :
- vous êtes engagés sur 48 mois
- vous n’êtes propriétaires de rien (ni du nom de domaine, ni de la charte graphique, ni du site internet)
- vous n’avez aucun droit, l’entreprise qui vous a démarché à tous les droits
- elle peut d’ailleurs céder ce contrat (ce qu’elle fera) à une société de crédit : plus tard, ce sera un véritable casse-tête que de trouver un interlocuteur
- le contrat est à tacite reconduction : si vous ne pensez pas à le résilier à la date anniversaire, vous voilà reparti pour quatre ans
Au final, pour une offre de partenariat alléchante vous serez l’heureux locataires d’une site qui vous aura coûté 7 200€ (je répète : le site ne vous apparient pas) et qui parfois ne ressemble même pas à ce que vous avez demandé (des textes de sites concurrents, des photos d’un tracto-pelle alors qu’on fait de la décoration d’intérieur, une adresse à Nice alors qu’on est basé à Paris, …)
Le problème pour le client
Dès signature, vous êtes donc engagé à payer mensuellement une somme entre 70 et 200€ sur une durée de 48 mois. Faites le calcul, le site vous coûte 7200€. Dans les faits, il ne vaut même pas 1/7ème.
Et aucun recours n’est possible bien souvent, car le contrat signé n’est pas illégal et il est souvent bien ficelé.
Le client se retrouve seul à payer des mensualités exorbitantes pour une prestation qui ne lui convient pas.
Conseil pour éviter ça
– ne jamais signer un contrat tout de suite
– parler à son entourage, ses proches, ses confrères, son expert-comptable ou mieux son avocat : en parler et recevoir l’avis des autres permet d’y voir plus clair
– prendre toujours le temps de lire un contrat
Ces trois conseils simple devraient vous permettre de ne pas prendre de décision que vous regretterez.
Conseils pour ceux qui ont signé ce type de contrat
– si le site n’est pas encore livré, ne signez pas le procès verbal de livraison. Si vous signez, cela vaut comme reconnaissance de conformité du site à vos attentes, et si ce n’est pas le cas, c’est votre dernière chance de sortir du contrat sans souci.
Pour cela, vous devrez justifier que le site ne répond pas à vos attentes.
– deux associations de victimes de prestataires de sites internet se sont créés, elles pourront vous permettre de rencontrer des gens dans la même situation que vous et connaitre les recours ou démarches à faire. Il s’agit de Xitroc (xitroc.blogspot.com) et de l’Adcapi (www.adcapi.fr)
– quelques conseilssur les recours juridiques rédigé par Gérard Haas, avocat, pour le Journal du Net
Pour aller plus loin : un article paru sur le sujet sur rue89
Conclusion
Un site internet est un moyen de communication merveilleux qui peut vraiment booster votre activité. Il faut pour cela qu’il soit bien pensé en amont et que vous vous entouriez de professionnel pour réussir.
Loin de faire l’unanimité, les entreprises dont nous avons évoqué les pratiques dans cet article sont peu nombreuses. La plupart des agences de création de site internet sont sérieuses et sont là pour vous guider et vous accompagner dans votre projet web.
Dans un prochain article, nous aborderons au-delà de ces pratiques particulières, ce qu’il faut faire et ce à quoi il faut réfléchir quand on veut créer un site internet.
Je trouve ce blog sublime…
Merci toto pour ces encouragements.
Et toi, la banane? 😉